lundi 6 mai 2013

Si Maupassant nous était conté... fière d'être normande ;)

Tuvia sur Dom qui ne veut pas laisser approcher Doudouminou...

"Ce chat-là, dit-elle, je l'ai aimé comme on aime un frère. J'étais jeune alors, et toute seule, couturière en chambre. Je n'avais que lui, Mouton. C'est un locataire qui me l'avait donné. Il était intelligent comme un enfant, et doux avec ça, et il m'idolâtrait, ma chère Dame plus qu'un fétiche. Toute la journée sur mes genoux à faire ron-ron, et toute la nuit sur mon oreiller; je sentais son coeur battre, voyez-vous. Or, il arriva que je fis une connaissance, un brave garçon qui travaillait dans une maison de blanc. [...] Enfin, je lui permis de venir chez moi, un soir. Je n'étais pas décidée à la chose, oh! non, mais ça me faisait plaisir à l'idée que nous serions une heure ensemble.

Dans le commencement, il a été très convenable. Il me disait des douceurs qui me remuaient le coeur. Et puis, il m'a embrassée, Madame, comme on embrasse quand on aime. Moi, j'avais fermé les yeux, et je restais là saisie dans une crampe de bonheur. Mais, tout à coup, je sens qu'il fait un grand mouvement, et il pousse un cri, un cri que je n'oublierai jamais. J'ouvre les yeux et j'aperçois que Mouton lui avait sauté au visage et qu'il lui arrachait la peau à coups de griffe comme si c'eût été une chiffe de linge. Et le sang coulait, Madame, une pluie."

 Guy de Maupassant, Misti, 1884.



2 commentaires:

  1. Quel bel article !! Je connais la tigresse et sait à quel point cette reference lui va à merveille..! Merci de nous faire decouvrir de si jolies choses, je ne connaissait absolument pas, et le lire ici m'a rechauffé le coeur..!

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  2. au fait, attention, votre police d'ecriture va stresser David ! ;)

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